Accompagner, ce n’est pas appliquer une méthode : l’art de la justessethérapeutique
Dans un contexte où les approches psychothérapeutiques se multiplient et se perfectionnent, il est facile de croire que le changement résulte uniquement de l’application stricte d’un protocole. Pourtant, au cœur de toute transformation psychique, une vérité demeure : ce n’est pas la méthode qui soigne, mais la rencontre entre le thérapeute et le patient.Accompagner, ce n’est pas appliquer une technique. C’est lire ce qui se joue, percevoir la dynamique dumoment et choisir ce qui soutient le processus intérieur du patient. La tentation de la méthode PNL, hypnose, Ego State Therapy, approche Mosaic®… Les outils thérapeutiques offrent de puissants leviers de changement. Mais utilisés de façon mécanique, ils perdent leur essence.Comme le souligne Irvin D. Yalom (2002), « ce qui guérit, ce n’est pas le modèle, mais la qualité du lien entre le thérapeute et son patient ». La méthode n’est qu’un contenant : c’est la présence, l’ajustement et l’écoute du thérapeute qui donnent à ce contenant toute sa puissance.Chaque technique peut produire des effets très différents selon la manière dont elle est proposée, le moment choisi et la qualité du climat émotionnel partagé. Lire ce qui se passe : la clinique du vivant Accompagner, c’est d’abord observer et ressentir. Le thérapeute ne suit pas une carte préétablie : il navigue dans le champ mouvant du vécu du patient.Carl Rogers (1961) parlait de congruence : le thérapeute doit être authentique, en contact avec ce qu’il ressent dans la relation. Cette congruence crée un climat d’acceptation inconditionnelle qui favorise le changement.C’est dans cette relation vivante et interactive que le thérapeute peut « lire » le patient au-delà des mots et comprendre les schémas émotionnels, relationnels ou traumatiques qui se rejouent. La posture d’ajustement : entre cadre et liberté Trouver la justesse consiste à naviguer entre deux pôles :– Le cadre, qui offre sécurité, structure et cohérence.– La liberté, qui permet de s’adapter au vécu du moment.Cette flexibilité n’est pas un laisser-faire. Elle repose sur une solide formation, une supervision régulière et une conscience fine de ses propres résonances émotionnelles. François Roustang (2015) rappelle que l’hypnose — et plus largement toute relation thérapeutique — est avant tout une « manière d’être » : un art de la présence mobilisant la totalité du thérapeute. La dimension relationnelle : un levier thérapeutique majeur La qualité de la relation thérapeutique reste le facteur le plus prédictif de la réussite (Wampold & Imel, 2015).Empathie, alliance, authenticité et sécurité émotionnelle créent un espace réparateur.Dans cet espace, le patient peut explorer ses émotions, rejouer et transformer des schémas relationnels anciens, liés à des traumas ou à des attachements insécures. La relation devient ainsi un véritable levier de changement. Choisir ce qui soutient : la clinique de l’adaptation L’art du thérapeute consiste à identifier ce dont la personne a besoin ici et maintenant :– Une écoute silencieuse pour laisser émerger l’émotion.– Une reformulation pour donner sens à l’expérience.– Une technique de régulation émotionnelle pour apaiser.– Un travail symbolique pour transformer profondément.Dans une approche intégrative combinant PNL, Ego State Therapy, hypnose et Mosaic®, chaque outil devient une ressource au service de l’objectif : soutenir le patient dans sa capacité à se réapproprier son fonctionnement et ses choix de vie. Accompagner le vivant : un processus en co-création La psychothérapie est un processus co-créé. Le patient est acteur de son changement, tandis que le thérapeute guide, soutient et révèle les ressources internes.L’humilité est essentielle : savoir ne pas savoir, accepter l’incertitude et la complexité du psychisme humain ouvre l’espace à une véritable co-construction du changement (Stern, 2004). Ce qui soigne, au fond : la présence En définitive, accompagner, c’est être présent : présent à soi, à l’autre et au moment. Cette présence consciente permet de sentir, ajuster et choisir la posture juste, le mot ou le silence approprié.Le thérapeute devient ainsi catalyseur d’un processus qui appartient au patient. Ce n’est pas la méthode qui soigne, mais l’alliance subtile entre savoir-faire et savoir-être. Conclusion : accompagner, c’est rencontrer Accompagner, ce n’est pas dérouler une méthode, c’est rencontrer une personne. Chaque séance devient un espace unique où le vécu du patient guide le soin. La méthode n’est plus un protocole rigide, mais un cadre souple au service du vivant. Dans cette rencontre, réside la véritable essence du soin psychique.








